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La France telle qu'elle est

20 août 2014

La plage de Malo-les-Bains

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20 août 2014

La Flandre maritime

J’ai donc choisi d’entamer mon voyage en France par la commune de Bray-Dune. Modeste station balnéaire sur la mer du Nord, elle est sans charme et son front de mer n’offre qu’une suite d’immeubles modernes au regard. On oublie trop souvent qu’il y a du tourisme sur ce littoral septentrional. C’est même ici qu’a commencé l’histoire du tourisme balnéaire en France. Au 19ème siècle des bourgeois ayant réussi dans l’industrie ou le commerce possédaient leurs villas et venaient y respirer l’air pur, à une époque où la Méditerranée ne connaissait pas encore le succès. De cet âge d’or, il ne reste plus grand-chose et seules les villas de Malo-les-Bains, voisines de Dunkerque nous rappelle cette période. Mais chaque week-end, les belges, les anglais et les nordistes viennent toujours s’aérer sur les plages.

De Malo, j’aperçois les cheminées des usines du port de Dunkerque. Dans ce pays sans relief, il n'y a qu’elles pour découper le morne horizon. Car, c’est dans ce plat pays que Louis XIV a décidé de développer le modeste port de pêcheur pour en faire un port militaire. Les corsaires, dont Jean Bart fut le plus célèbre, ont fait la renommée de la ville. Mais trop proche de l’empire Habsbourg, il resta avant tout un port de pêche en haute mer. Le hareng et la morue firent sa fortune au 19ème siècle. Avant chaque campagne de pêche, les marins faisaient la fête en buvant et en mangeant plus que de raison pour oublier les privations qui les attendaient en mer. Cette tradition se perpétue sous la forme du carnaval. Les trois jours qui précèdent Mardi Gras sont sûrement les plus joyeux et les plus arrosés de France.

Le port a été détruit en 1940 après l’opération Dynamo. A cause d’une erreur d’appréciation de la part des nazis, les anglais et les français parvinrent à évacuer les 350 000 soldats encerclés dans la poche de Dunkerque entre le 29 mai et 04 juin 1940. Il est surprenant qu’aucun musée ne soit consacré à cette opération dans l’agglomération.

Du fait de l’accroissement des échanges maritimes internationaux à partir des années 1950, le port a trouvé un second souffle. Le gouvernement Pompidou l’a doté d’une zone industrialo-portuaire à l’ouest de la ville, basée sur la sidérurgie et le raffinage pétrolier. Un port en eaux profondes a vu le jour et les grands groupes se sont installés, tel Usinor ou Total. La centrale nucléaire de Gravelines, une des plus puissante du monde a permis l’implantation d’une usine d’aluminium. L’agglomération dunkerquoise s’est développée et s’est reconstruite dans un style moderne aujourd’hui dépassé. Seul le beffroi néogothique mérite le détour. Le vieux bassin du centre-ville accueille aujourd’hui les navires de plaisance. Dunkerque a grandement souffert de la crise des années 1980. De nouveaux concurrents sont apparus dans la sidérurgie, les ports belges et néerlandais ont été plus réactifs et ont anticipé l’importance des conteneurs, le mode de gestion était trop rigide, les dockers trop souvent en grève, etc. Le chômage a explosé. Pour combler son retard, la région a investi dans les liaisons vers l’intérieur. Des autoroutes ont vu le jour, les canaux se sont développés et les voies ferrées modernisées. Mais cela reste encore bien faible par rapport aux connexions proposées par Anvers et Rotterdam. Ce sont eux qui alimentent la France en marchandises… Dunkerque est toujours le troisième port de France avec un trafic de 47MT/an, surtout roulier et vrac solide et liquide. Il a perdu une bonne partie du pétrole car la raffinerie a fermée. En quittant la ville, j’ai un sentiment de gâchis. Contrairement à ses voisins, le port est accessible aux plus gros navires 24h/24h sans écluse et pourtant il est loin dans le classement européen. Sa mauvaise gestion et ses connexions vers l’hinterland déficientes sont sûrement la cause de ce retard. Cela n’est pas rédhibitoire, mais il est temps d’agir.

Autour de l’agglomération Dunkerquoise, je note l’absence de relief. Je me rappelle que ces terres ont été gagnées sur la mer et qu’en fait je suis sur polder. Dans certains cas, les villages sont sous le niveau de la mer. C’est le cas des Moëres. Elles ne sont protégées des invasions marines que par le cordon dunaire qui courre de la frontière à Calais. Les sols sont argilo-sableux et seul un réseau complexe de fossés et de canaux, nommés ici watergang et wateringues, permettent la culture. Les campagnes sont peuplées, partout on voit de grosses fermes à cour carrée qui s’éparpillent entre les villages. Leurs briques jaunes et leurs tuiles rouges donne une couleur lumineuse à ces paysages souvent privés de soleil. Les densités sont élevées. Les champs sont cultivés en céréales, en lin et en betterave. L’élevage de porcs et de vaches laitière sont aussi bien présent. Deux villes animent l’arrière-pays dunkerquois : Bergues et Gravelines. Toutes deux fortifiées par Vauban, elles nous rappellent que la Flandre maritime a longtemps été une zone de bataille et que la frontière n’a été fixée qu’en 1713 au traité d’Utrecht. Ce sont aujourd’hui des bourgs paisibles qui concentrent des activités commerciales et administratives et servent de relais à l’agglomération.

Les autoroutes, les canaux et les voies ferrées nombreuses dans le pays me montrent que le transport est devenu l’activité principale de cette extrémité septentrionale. A mon sens, elle est encore insuffisamment développée. Dans un monde, où les productions industrielles se font hors d’Europe, il est indispensable d’avoir des ports modernes et dynamiques complétés par des systèmes de transport multimodaux pour acheminer les marchandises. Les atouts de Dunkerque sont mal exploités et la lutte contre le chômage de masse qui frappe la Flandre Maritime passera nécessairement par le développement d’un port moderne bien connecté à son arrière-pays.

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La France telle qu'elle est
  • Le président de la République a redécoupé la France sans tenir compte des réalités vécus par les citoyens. Opposé à cette idée, j'ai choisi de brosser le portrait de la France en la parcourant. Les découpages proposés ici sont ceux vécus par les français.
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